Ma fille Aïcha, vice-présidente d’Action contre la Faim à Londres, m’a alerté de l’existence d’une décharge publique où étaient déposés les cadavres des migrants rejetés par la mer, à Zarzis. Pour moi, c’était tellement improbable que j’ai tenu à y aller avec elle. J’ai contacté le président du Croissant Rouge, Mongi Slim, qui nous a emmenés sur le site. Le choc de cette vision m’a fait prendre la décision immédiate d’acheter un terrain agricole afin de construire un lieu décent de sépulture.
Ma fille étant de nationalité tunisienne, nous avons pu acquérir la terre du futur Jardin d’Afrique. Le lendemain, en présence de Mongi Slim et de son entrepreneur, j’ai dessiné sur un cahier tout le projet dans les détails les plus infimes. J’ai fait l’impasse sur toutes les autorisations administratives, légales, juridiques nécessaires pour un cimetière C’est le premier cimetière privé au monde. Ce lieu ne reçoit que les corps des migrants ou d’étrangers. Au total, il y a huit cents tombes, dont la plupart sont occupées
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